3ème, 4ème, 5ème, adultes, aventure, conte, initiatique, roman

Monde féérique de Féérie

La fille qui tomba sous Féérie et y mena les festoiements, de Catherynne  M. Valente

Deuxième tome de la série qui commença par La fille qui navigua autour de Féérie dans un bateau construit de ses propres mains et qui avait remporté le prix jeunesse aux Imaginales 2016.

Près d’un an s’est écoulé depuis que Septembre est revenue de Féérie. Durant tout ce temps, elle a su garder le secret sur cette aventure inoubliable dans le pays extra-ordinaire où elle avait combattu une méchante reine et s’était fait d’étranges amis comme le Vouivrothèque, le Maride ou la lanterne douée de parole. Durant tout ce temps, elle a su cacher aux autres qu’elle y avait perdu quelque chose de bien réel : son ombre. Elle attend désormais le Vent vert qui reviendrait la chercher.

C’est le jour de son anniversaire. Alors qu’elle lit tranquillement, allongée dans un champ de blés, un petit bateau noir, avec à son bord un vieux pêcheur et une dame argentée, passe au-dessus de sa tête. Elle se lance à leur poursuite et traverse un muret qui la conduit à nouveau dans le monde de Féérie. Mais quelque chose cloche… Où sont passées les ombres ? De nouvelles et innombrables aventures attendent à nouveau Septembre qui veut réparer ses erreurs du passé en entrant dans Féérie du Dessous pour ramener les ombres.

Et là, je n’en suis vraiment qu’aux quelques premières pages de ce conte-roman foisonnant ! Un deuxième tome qui nous transporte à nouveau dans le monde étrange et féérique de Féérie, en compagnie d’une petite fille au drôle de prénom. On est heureux d’y retrouver les personnages croisés lors du premier tome et d’en rencontrer de nouveaux, comme la Sybille, Aubergine ou la Vice reine du café. Toujours aussi riche, dense, littéraire, poétique  et philosophique que le premier. Un monde grouillant et débordant d’imagination qui nous emmène dans des contrées où seul l’imaginaire a sa place ! Mais aussi un monde où tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Pour les bons lecteurs et les adultes !

Elles riaient dans son dos, d’une manière qui dressait des haies d’épines autour de leur petit cercle de robes de dentelle, de boucles et de rubans.

4ème, 5ème, aventure, historique, initiatique, roman

La soeur du pirate rouge

Sorcière blanche, d’Anne-Marie Desplat-Duc

Afficher l'image d'origineNous sommes en 1664. Agathe naît en prison d’une famille noble déchue… Sa vie sera bien misérable jusqu’à son adoption par sa tante et son oncle et son arrivée au château de Kercado. Une enfance enfin paisible, mais c’est sans compter la nouvelle lubie de ses parents : partir  dans les Caraïbes pour s’occuper d’une plantation… avec leurs enfants qu’ils n’avaient pas revu depuis cinq ans…  C’est le début d’un destin hors du commun. Autant son frère Josselin, épris de liberté est ravi de cette aventure, autant Agathe à qui cette vie convenait, a du mal à quitter ses repaires. Mais son destin sera chamboulé lorsqu’elle se découvrira des dons de guérisseuse… Elle n’aura dès lors de cesse d’apprendre le pouvoir des plantes pour guérir son prochain. Afficher l'image d'origine

Si vous avez lu et aimé Pirate rouge du même auteur, ne passez pas à côté de  la lecture de ce roman, qui donne la version par la soeur de Josselin (le Pirate rouge), Agathe, d’une même histoire. Peut-être ont-ils vécu certains moments communs, mais leur histoire est loin d’être identique. Vous aurez donc de nombreuses révélations qui complèteront heureusement et agréablement le premier roman. Peut-être juste que, si Pirate rouge a beaucoup plu aux filles comme aux garçons,  ce nouveau titre Sorcière blanche ravira certainement plutôt les filles…  Plein de rebondissements,  ce roman historique met en scène une héroïne courageuse et libre dans le tourment de son époque. Esclavage, sorcellerie, politique, voyage, Caraïbes, mariage arrangé, pauvreté, piraterie, condition de la femme,  religion, sont parmi les nombreux thèmes abordés dans ce récit.

actualités, adultes, bande dessinée, initiatique, lycée

Sur la route de Hayange

Grand Est, de Denis Robert

zoomUn père, journaliste en panne d’écriture, se retrouve à garder son fils de 8 ans, sa mère étant partie aux Etats-Unis installer leur fille étudiante. C’est l’occasion d’un road-trip social à travers une Lorraine en perdition qui prend très vite la forme  d’un voyage de la transmission de la mémoire et du passé. Des rencontres singulières et du tourisme sont au rendez-vous de ce récit initiatique.

Du journalisme d’investigation sous forme de bande dessinée. L’histoire commence  à l’automobile club de Moselle, où notre narrateur passe un stage de sécurité routière : pour 289 €, de pauvres gens se repaient une conduite ! Puis,  Denis et son fils vont prendre la route, à la rencontre des lieux et des gens qui ont marqué sa mémoire et chaque étape est prétexte pour voir défiler toute une série de sujets polémiques : les jeux vidéos et les jouets de guerre, l’encombrement des prisons, la politique menée par le maire d’Amnéville, les conséquences des milliers de kilomètres de galeries creusées dans le sol lors de l’exploitation  des mines et qui font qu’actuellement des maisons et des routes s’affaissent , le hausse du taux de chômage,  la montée du Front national, la gestion du journal local, le Républicain lorrain, l’intérêt ou non de l’existence d’écomusées de mines de fer dans un esprit de commémoration d’un passé définitivement révolu, l’affaire Cahuzac,  et même l’affaire irrésolue  du petit Grégory, ce petit garçon retrouvé  noyé dans la Vologne et qui fit régulièrement la Une des journaux durant des années. Et j’en passe et en oublie….

Denis Robert, le scénariste, est également le narrateur de cette histoire dont il est le héros principal.  Une bande dessinée autobiographique qui lui permet de faire entendre sa voix de journaliste d’investigation, spécialiste des questions politico-financières. Après dix ans de procédures judiciaires pour avoir dévoilé le mécanisme du blanchiment  d’argent sale et escroquerie fiscale, il a lui-même été enfin blanchi. Mosellan, il pose un regard sans concession sur sa région natale, qu’il n’a jamais su quitter.

Etant d’origine lorraine, cette bande dessinée m’a particulièrement intéressée et touchée. Très documentée et riche, elle sait parfaitement retranscrire le climat de cette région marquée par les bassins houillers et son identité industrielle. Les illustrations sont des plus fidèles, quasi photographiques dans leur précision… C’est comme si on y était. Une bande dessinée résolument politique et polémique destinée à des adultes qui ont le bagage nécessaire à la compréhension des faits évoqués – ou éventuellement à des lycéens lorrains.

 

6ème, bande dessinée, CM2, fantastique, heroic fantasy, humour, initiatique

La quête de Galamus

Les chroniques de Braven Oc, 1. L’épée de Galamus, de Alcante, d’après le roman d’Alain Ruiz

Les chroniques de Braven Oc, tome 1 : L'épée de Galamus par Ruiz

Lorsque le jeune Braven Oc, berger, revient dans son village, après avoir passé la journée dans les pâturages avec son chien Youm, c’est pour découvrir qu’un drame s’y est déroulé pendant son absence : tous les villageois ont été transformés en arbres et sont tombés dans un sommeil profond. Le père de Braven, chef du village, a néanmoins le temps de lui expliquer ce qui s’est passé avant de s’endormir : le seigneur Torguen, chef des Homoplantse et qui règne en maître sur les villages alentours les accuse de ne pas avoir payé en totalité la taxe qui lui est dûe… Pour servir d’exemple, et sous la pression de son percepteur, il a lancé ce sortilège. Mais d’après son père, c’est faux, et seul Braven Oc peut encore se rendre auprès de Torguen, clamer leur innocence et faire lever le sortilège. Et surtout, il faut se méfier du percepteur ! Braven Oc n’hésite pas une seconde et prend la route. En chemin, il rencontrera des compagnons de voyage qui vont l’aider à mener à bien sa folle entreprise… Car chacun a des pouvoirs qui lui seront d’un grand secours…

Tamia, capable de se rendre invisible, Amalek, un archer, Becfigus, un farfadet incapable de réussir le moindre tour de magie, un druide dont une malédiction provoque des pets incontrôlés.
Voici une histoire remplie d’aventures et d’humour ! Les personnages sont solidaires et s’acceptent tels qu’ils sont, avec leurs défauts. Facile à lire, un peu décalée, avec des anti-héros attachants, cette jolie petite histoire est simple et très compréhensible pour le lecteur même novice du genre (ce qui n’est pas toujours le cas dans les histoires fantastiques en bandes dessinées). Le tome 1 est une histoire complète à elle seule, ce qui est vraiment bien pour le lecteur.

3ème, 4ème, adultes, initiatique, lycée, récit de vie, roman

Poupoupidou

Les baleines préfèrent le chocolat, de Marie Colot

Afficher l'image d'origineAngelina vient d’arriver dans l’école privée chic du Sacré Coeur de Sainte-Marie de la Providence. Elle est tout de suite prise en grippe par les autres élèves : trop grosse, trop joyeuse. Surnommée très vite « Burger », elle va néanmoins réussir, à coups de barres de chocolat et friandises, à intégrer une joyeuse bande de copains… Car Burger ne se laisse pas faire et a de la répartie ! Mais un jour, un drame survient.

Ce roman se lit d’une traite, très facilement, rapidement. Le ton est juste et le sujet, difficile, traité avec finesse. C’est un roman à plusieurs voix, qui donne tour à tour la parole à chacun des personnages qui expose alors son point de vue personnel sur l’histoire… Et on s’attache à ces personnages et à leurs histoires. Angelina, fan de Marilyn Monroe, en est le pivot central, par qui toutes les émotions s’exacerbent. Dans ce monde de la haute société, où l’apparence est le maître mot, Angelina dérange. Violence latente, harcèlement, jalousie sont les sentiments qui mènent la danse…  macabre. On sent le drame dès les premières pages.

Un petit bémol cependant : les personnages sont peut-être un peu trop stéréotypés : les riches sont forcément névrosés, incapables de dialogues avec leurs enfants, absents ; les gros forcément heureux et plus pauvres.  Finalement, ce sera l’humanité et la solidarité qui vont l’emporter… mais pas si facilement que ça. C’est pourquoi, je conseille ce livre à des lecteurs plus âgés, même s’il est proposé dès onze ans. Car c’est une lecture marquante qui, sous ses airs d’extrême simplicité, laisse des traces dans les non-dits… et les dits.

 

 

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5ème, 6ème, album, CM2, initiatique

Une aventure inoubliable

Le mystère de la grande dune, de Max Ducos

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Le narrateur raconte une histoire formidable, qui a marqué sa vie lorsqu’il était jeune adolescent  alors qu’il voyageait avec ses parents à bord d’une camionnette :

Un soir de tempête, ils décident de s’arrêter dormir au pied de la dune du Pyla. Le lendemain matin, le jeune garçon est réveillé par les aboiements d’un chien, qui semble l’appeler pour l’emmener quelque part. Il décide alors de le suivre. Ce qu’il va découvrir va lui faire vivre une aventure inoubliable…

Cette aventure est servie par des illustrations grand format de style hyper-réaliste qui permettent au lecteur de s’imprégner de l’atmosphère de cette dune sauvage. L’aventure n’est rien moins que le sauvetage d’un dauphin échoué. Une note en fin d’ouvrage nous apprend que seuls quelques dauphins parmi les 500 échoués sur les côtes françaises chaque année peuvent être sauvés. Une aventure à la hauteur des rêves d’enfants qui allie respect de l’environnement et solidarité.

5ème, 6ème, album, CM2, coup de coeur, initiatique

"Se dépasser soi-même est plus important que dominer les autres"

Le héros, de Pierre Cornuel

Afficher l'image d'origineZhou Chu est un jeune homme égoïste, orgueilleux et d’une force indomptable. Seule Yisha, sa cousine, semble capable de calmer ses excès de brutalité. Pour prouver  sa supériorité, il décide de débarrasser le village des deux fléaux qui y sèment la terreur  : le tigre mangeur d’hommes et le monstrueux poisson qui se cache dans la rivière… mais ce qu’il ne sait pas encore, alors qu’il risque sa vie dans les combats, c’est que les villageois le considèrent, lui, comme le troisième fléau.

Adapté d’une légende chinoise et illustré de peintures d’inspiration chinoise, cet album parle de l’orgueil de l’Homme et de la possibilité de se corriger et de s’élever en prenant en compte le regard d’autrui.

Un texte fort, empli d’une philosophie riche et porté par des illustrations sublimes en accord total avec le texte (l’auteur en est d’ailleurs également l’illustrateur) font de cet album grand format une petite merveille. Un réel coup de coeur qui fait réfléchir en quelques belles pages à la condition humaine et à nos rapports aux autres. Un grand merci aux éditions Hong Fei pour ce beau cadeau.

Devant le miroir, face à lui-même, Zhou Chu entendait les rires bruyants des villageois. Toute cette joie n’était pas en son honneur, ne saluait pas sa force. On se réjouissait de sa disparition autant que de la mort des deux monstres qu’il avait vaincu.

« J’ai dû quitter ma chrysalide pour comprendre la vie du papillon ».

5ème, 6ème, CM2, initiatique, récit de voyage, roman

Tu seras un homme, mon fils

Himalaya, l’enfance d’un chef, de Evelyne Brisou-Pellen

Petit village du Dolpo, région isolée du Népal dans les hauteurs de l’Himalaya. Ses habitants vivent grâce au sel qu’ils vont extraire des lacs d’altitude et qu’ils emmènent ensuite dans la vallée pour l’échanger contre du grain. Lorsque la caravane menée par les yaks revient chargée du sel, elle ramène aussi leur chef, Lapkha, mort. Il a voulu essayer un nouveau chemin, ce qui lui a été fatal. Tinlé, son père, le vieux chef du village, est persuadé que Karma, le meilleur ami de son fils, est responsable de sa mort car il briguait la place de chef. Tinlé décide alors de conduire lui-même, en dépit de son grand âge, la caravane chargée de sel vers la vallée. Mais Karma et les plus jeunes du village n’ont pas confiance, et malgré les oracles donnant la date rituelle du départ, ils décident de partir quelques jours avant. Tinlé, lui, partira aux jours fixés par les dieux, accompagné de ses vieux compagnons, de son très jeune petit-fils, Tséring, et de son fils, Norbou, moine. Lequel des deux clans va réussir la traversée ? Celui respectant les croyances ancestrales, ou les plus jeunes prônant la modernité ? Cette expédition sera également pour Tséring -amené à devenir chef plus tard- un voyage initiatique.
C’est d’ailleurs par la voix de Tséring, le narrateur, que l’histoire nous est contée, ce qui permet aux jeunes lecteurs de s’identifier au personnage.
Je me souvenais vaguement avoir vu le film il y a des années, avec de beaux paysages, mais finalement assez conventionnel. Je ne me souvenais pas de l’histoire avant de me replonger dans ce livre gentiment envoyé par les éditions Pocket jeunesse… Et là, tout a resurgi. Sous la jolie plume d’Evelyne Brisou-Pellen, les décors sont brillamment posés, les tensions au sein du village entre ceux qui considèrent les traditions ancestrales, les croyances comme la seule possibilité de vivre en accord avec son environnement, et ceux qui souhaitent faire entrer la modernité au sein de la communauté sont très bien retranscrits.
Dans ce livre, ce n’est pas l’action qui prédomine et en ce sens, ce livre ne plaira pas forcément aux lecteurs aimant les histoires pleines de rebondissements, d’aventure et d’action. Car finalement, il ne se passe pas grand-chose, et pourtant, la tension est toujours palpable. C’est le cheminement des yaks et des hommes dans ce milieu hostile de la haute montagne himalayenne, leur évolution, leurs doutes qui apporte le suspens. Les rancoeurs traversant les générations, les relations d’amour ou d’amitié entre les personnages vivant en vase clos dans ce village reculé du bout du monde ajoutent de l’humain à cette histoire qui se lit comme un récit de voyage. Dans notre société ultra-consommatrice, ultra-mondialiste, où on voue un culte sans borne à l’apparence n’est-il pas bon, parfois, de se rappeler qu’un autre mode de vie est possible, où la survie au milieu des siens, avec le strict nécessaire, est la seule priorité. Une fiction au goût de documentaire, assez facile à lire, pas trop long et bien écrit plutôt conseillé aux bons lecteurs qui aiment les grands paysages, les voyages et la découverte de nouvelles civilisations.

3ème, 4ème, 5ème, bande dessinée, initiatique, lycée, récit de vie

Sur la route

520 km, de Max de Radiguès

Simon, en vacances avec sa mère, découvre via facebook que sa petite amie est…célibataire. Lorsqu’il arrive enfin à la joindre, elle lui explique que son père la trouve trop jeune pour être amoureuse et lui interdit de continuer à le voir. Simon décide de partir en stop pour Montpellier, à 520 km… Le trajet ne sera forcément pas aussi simple qu’il le croyait..
Petite histoire tendre sur les thèmes de l’amour et l’amitié, l’aventure et les rencontres. Ce périple sera pour Simon un voyage initiatique qui va lui permettre de mûrir, de prendre son indépendance, de vivre ses premières expériences fortes, même si au final, une mère reste bien utile !

Le dessin me fait un peu penser à ceux de Guy Delisle dans Chroniques de Jérusalem : lignes claires au trait unique, un peu naïf.

Touchante, simple et efficace, cette bande dessinée est surtout faite de sensations et de non-dits. Beaucoup de choses sont à peine suggérées. Peu d’action et assez peu de texte (il y a même plus d’une double page sans dialogue au milieu de l’histoire). Pourtant, tout est dit, c’est limpide. Le personnage de Simon est attachant… mais son idée de fugue n’est pas imiter, n’est-ce pas mes chers élèves !