Sous la peau d’un homme, de Praline Gay-Para et Aurélia Fronty
Ils étaient deux frères : l’aîné avait sept garçons, le plus jeune, sept filles. Lorsqu’ils se croisaient, ils se saluaient ainsi : « Journée de bienfaits, père des sept lumières » disait le plus jeune. « Bonjour, père des sept misères ! »répondait l’aîné. Un jour, pour lui prouver que la femme est l’égale de l’homme, la fille aînée propose un marché à son oncle : « Si tu veux savoir qui de ton fils ou de moi est la misère, retrouvons-nous demain, ici, à la même heure. Nous partirons de par le monde pendant un an et un jour et celui de nous deux qui reviendra en ayant le mieux tiré profit de son voyage te montrera qui est la vraie misère ! » Ainsi fut dit, ainsi fut fait… Mais pour réussir, la fille aînée se fera tout de même passer pour un garçon ! Elle se rend en effet, « sous la peau d’un homme », chez un prince voisin connu pour sa misogynie.
Servi par des illustrations aux couleurs vives que je trouve pour ma part vraiment très réussies, ce conte librement adapté d’un conte d’Afrique du Nord, bouscule les idées reçues sur les hommes et les femmes et sur les sentiments amoureux. Traitant avec finesse de thèmes comme la théorie du genre, l’homosexualité, la condition féminine, les préjugés sexistes et l’égalité des sexes, cet album nous fait se poser la question suivante : faut-il que la femme montre des compétences généralement attribuées à l’homme (jouer aux échecs, parler politique) pour se faire respecter ? Et l’homme n’a-t-il pas une part de féminin en lui tout comme la femme une part de masculin qu’il serait temps d’accepter comme un fait ?