5ème, 6ème, album, CM2, conte, philosophie, récit initiatique

La théorie du genre

Sous la peau d’un homme, de Praline Gay-Para et Aurélia Fronty

Ils étaient deux frères : l’aîné avait sept garçons, le plus jeune, sept filles. Lorsqu’ils se croisaient, ils se saluaient ainsi : « Journée de bienfaits, père des sept lumières » disait le plus jeune. « Bonjour, père des sept misères ! »répondait l’aîné. Un jour, pour lui prouver que  la femme est l’égale de l’homme, la fille aînée propose un marché à son oncle : « Si tu veux savoir qui de ton fils ou de moi est la misère, retrouvons-nous demain, ici, à la même heure. Nous partirons de par le monde pendant un an et un jour et celui de nous deux qui reviendra en ayant le mieux tiré profit de son voyage te montrera qui est la vraie misère ! » Ainsi fut dit, ainsi fut fait… Mais pour réussir, la fille aînée se fera tout de même passer pour un garçon !  Elle se rend en effet, « sous la peau d’un homme », chez un prince voisin connu pour sa misogynie.

Servi par des illustrations aux couleurs vives que je trouve pour ma part vraiment très réussies,  ce conte librement adapté d’un conte d’Afrique du Nord, bouscule les idées reçues sur les hommes et les femmes et sur les sentiments amoureux.  Traitant avec finesse de thèmes comme la théorie du genre, l’homosexualité, la condition féminine, les préjugés sexistes et l’égalité des sexes,  cet album nous fait se poser la question suivante : faut-il que la femme montre des compétences généralement attribuées à l’homme (jouer aux échecs, parler politique) pour se faire respecter ? Et l’homme n’a-t-il pas une part de féminin en lui tout comme la femme une part de masculin qu’il serait temps d’accepter comme un fait ?

 

 

5ème, 6ème, album, CM2, conte

Amour sorcier

Yeghvala, la belle sorcière de Catherine Gendrin et Nathalie Novi

Yeghvala est née dans une roulotte, d’une mère tsigane. En voyant sa bosse derrière sa tête, sa mère comprend tout de suite qu’elle est une sorcière. Sans que celle-ci s’en aperçoive, la petite sorcière est enlevée la nuit de sa naissance par une forme noire et emmenée au grand sabbat des sorcières où elle entre dans le grand cercle des sorcières du monde. Chacune se penche sur l’enfant pour lui prédire son avenir : sa beauté inégalée ne se flétrira jamais, ses cheveux longs seront sa force, le feu ne pourra pas la brûler, celui qui l’aimera voudra la tuer, etc. Le lendemain matin, sa mère la retrouve tranquillement endormie.
Les années passent. Yeghvala, jeune fille d’une grande beauté, tombe amoureuse d’un pauvre tsigane, Zlato. Ils se marient, ont cinq enfants en sept ans, travaillent dur dans la misère mais Yeghvala semble de plus en plus belle, de plus en plus jeune… Comment cela est-il possible ? Le mari commence à se poser des questions…
« Je suis née sorcière, qu’est-ce que j’y peux ? »
Un beau texte desservi par des illustrations fortes, en particulier celles représentant le sabbat des sorcières ou la nuit de pleine lune lorsque Yeghvala murmure ses incantations qui sont en couleur sepia. Le reste est dans les tons chauds à dominance rouge. Ce conte tzigane fait un peu penser à l’histoire de Tristan et Yseult puisque pour se faire aimer de Zlato, Yeghvala use de ses pouvoirs. Peut-on alors réellement venter l’amour plus fort que tout s’il est faussé dès le départ ? Lorsque son mari décide de couper les cheveux de sa femme-sorcière et qu’il l’accepte vieillie, est-ce une preuve que son amour est devenu véritable et n’est plus dû à la magie ? De multiples lectures sont possibles sur ce conte très riche parlant d’amour, de liberté et du poids de l’apparence.